• 17/8/16

    En rade

    J'ai longtemps cru que les bateaux
    Voguaient par deux

    Mais il en est qui dorment seuls
    Dans le fond des estuaires

    Ce n'est ni le froid ni la rouille qui les tourmente
    Mais la peur d'être ensablé
    Sans pouvoir s'entendre dire
    Ne t'inquiète pas, je vais te tirer de là

    Ce qui les tourmente
    C'est le silence des marées quand le cœur démâte
    Le poids de leur propre corps cloué au sol
    Quand l'eau se retire

    Ce qui les effraie
    C'est la nuit qui tombe
    L'ombre qui boit la lumière jusqu'à la lie du jour
    La crainte d'être mis au rebut pour le reste de la vie

    J'ai longtemps cru que les bateaux
    Voguaient par deux

    Et je le crois encore
    Quand un sourire ouvre à marée haute
    La longue route des promesses.

    (Bruno Doucey – Dehors)


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