• 35 Dimanche

    Nous sommes partis le matin, il a plu pendant les 603 kms.
    Nous avons traversé un tunnel gris, battu par la pluie et la neige.
    Nous ne retrouverons le soleil qu'au retour.
    Entre temps, nous aurons traîné dans une maison chaleureuse, fait des confidences aux amis, joui de l'instant et de son harmonie, marché dans les rues de la ville sous crachin, visité la campagne dans la brume, bu la gentiane avec tante Madeleine.

    Je suis allée sur la tombe de ma mère, là où les années ne filent pas.
    Ses cendres sont là, comme si elle était encore de notre monde.
    Cela console les vivants.
    Il n'y a que quelques noms dans ce cimetière, ils s'entremêlent dans les familles.
    L'été, on y entend les cloches des vaches qui paissent de l'autre côté du mur de pierre.
    Ce jour là, on y entendait les rires, les chansons, les cris, de la cour de l'école. La même école où avait été ma mère. Je l'imaginais, jouer dans cette cour, et la guerre qui s'annonçait.
    Tante Madeleine habite juste à côté, elle n'a jamais quitté le village. Elle rigole quand elle parle de son âge. Elle a toujours eu le regard espiègle, le temps n'y change rien. Elle est ce mélange des paysans du coin, à la fois dans une réserve naturelle et aux aguets – ne pas manquer une occasion de rire.
    Elle ne demande pas ce que l'on veut boire, elle sort la bouteille de blanc. Ensuite ce sera le café, puis la fameuse gentiane - faite maison.
    Elle vaque en boitant mais ne ménage pas ses pas, elle poursuit la conversation de l'autre bout de la cuisine, revient s'asseoir à la nappe cirée.
    On parle des uns et des autres, des temps qui changent, du temps.
    Elle est de là comme on est de la vie.
    - Il faut qu'il neige. D'abord pour la terre, … et puis parce que c'est beau.


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