Du Campement, le 080 315

Ma chère Frangine,

Tiens, femme
prends un jour -
et estime-toi heureuse.
Je bous, Sista, je bous de toute cette injustice faite aux femmes, je bous contre les hommes, contre les femmes, je bous de mon, de notre, impuissance.
De ce jour comme une aumône, transformé en journée de la femme alors qu'il s'agit des droits des femmes.
Et puis il y a eu cet article sur ces hommes afghans qui ont manifesté en burqua à Kaboul pour le droit des femmes. Les couillus.
Ils confirment que les femmes ne s'en sortiront pas sans l'aide effective des hommes.
Il n'est plus l'heure des discours.

Cela paraît si évident, ceux qui ont accepté le partage doivent l'imposer à nos côtés aux autres hommes (en vertu du principe de base que la liberté ne se demande pas, elle se prend).
En tant que femmes libres, nous devrions interpeller dans le regard les hommes que nous croisons dans la rue et ailleurs (surtout les barbus en robe).
Une croisade Sista, tu viens ?
Il y a plusieurs façons de garder la ligne.
Je suis dans une phase gauche, j'ai éclaté une bouteille de teinture d'iode sur les murs de la salle de bains que Coloc Bingo vient de repeindre, il est resté zen.
Je cohabite avec un moine bouddhiste. C'est bon pour mon karma.
A propos de Suite française d'Irène Némirovsky, je doute que le film soit aussi riche que le livre (qui te toucherait, au cœur de ton grand sujet).
As-tu vu Boyhood ? Ce film m'a remuée, pour la démarche artistique, l'oeuvre. Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti un tel respect pour un cinéaste.
J'ai l'impression, que petit à petit, mon cœur s'ouvre à nouveau.
Il faut dire que le printemps gagne du terrain chaque jour.
C'est le moment où l'on ressort les poètes.
Le thème de cette année est l'insurrection poétique.
Pléonasme !
Prends soin de toi et fais-toi la vie douce.
Love, Peace, and be Wild.

Lady Day
(dans les yeux)

P.S. Je me demande si tu as fais exprès dans ta lettre :
Notre avenir sans le brûlé...