• Le courrier du dimanche

    Du Campement, le 100 515

    Ma chère Frangine,

    Ecouter
    les oiseaux
    les grenouilles
    les bruissements des arbres
    les nouvelles lunes
    et les anciens remèdes.
    Je paresse au soleil, m'octroie des vacances jusqu'à la fin du mois, ne vivre que l'instant aussi paresseux soit-il. Je me souviens de cette phrase à propos d'un tout autre sujet mais qui résume la philosophie du moment : je me fais du bien, sinon qui le ferait ?

    Contrat terminé, me voilà à nouveau chômeuse, mais je suis sauvée car j'ai un plan, tu vas voir comme je vais me réinsérer en deux coups de cuillère à pot - comme une lettre à la poste.
    A force, je sais le faire, j'ai la réinsertion chronique.
    Et en attendant, un livre à écrire.
    Sous la tonnelle, le matin, je fabrique une boîte en carton qui protège l'ordinateur du soleil et je prends des nouvelles du monde et le premier thé.
    Je n'arrive plus à suivre, les infos, les drames, la politique, je décroche,
    ne me comptez pas dans les indifférents mais parmi ceux qui en parallèle construisent autre chose.
    Quelques hommes sur cette planète possèdent du pouvoir et des armes, tu as peur si tu vis sous leurs lois.
    A la cigarette digestive, l'un disait qu'il aurait honte de se promener dans une voiture de luxe, un autre expliquait que ces personnes n'ont pas honte parce qu'elles ne se rendent pas compte, quelqu'un ajoutait que les pauvres les laissent faire parce que cela fait rêver, parce qu'ils voudraient aussi la grosse bagnole, moi je n'ai pas d'avis, chacun a sa conscience, on ne sait pas ce que vivent les autres.
    Comment saurait-on ce que c'est de naître par exemples riche, ou dans un pays en guerre ?
    Comment saurait-on ce que c'est d'être noir, ou blanc, ouvert ?
    Toi tu t'en fiches Sista, tu n'as même pas de voiture…
    Coloc Bingo a déménagé, il a trouvé dans le Luberon un gîte pour la transition, j'ignore où je vais atterrir, la maison sera en vente à l'automne.
    Une nouvelle vie se dessine, une nouvelle route à prendre (again), personne ne sait encore où elle va, un ailleurs à ce jour inconnu, mais dans lequel l'intention est de s'insérer joyeux et débonnaires.
    Prends soin de toi et fais-toi la vie douce.
    Love, Peace, and be Wild.

    Lady Day
    (à l'aventure)

    Aujourd'hui c'est poésie en pièce jointe

    P.J. La mer est pleine de nos désirs inassouvis
    nos aventures manquées
    nos rêves d’enfance victimes
    de la frilosité et du bon sens
    nos chimères légères broyées par le temps
    la raison assommante
    et l’attrait du bonheur
    confortable rassurant
    payable à tempérament
    en plusieurs traites
    ou discrets versements
    vivre
    se mouvoir
    avec la frustration au cœur
    millions de regards
    fascinés et envieux
    assoiffés d’embruns
    aujourd’hui égarés
    loin les grèves et les quais
    dans le smog et l’ennui
    de petites vies passives
    chétives et résignées
    combien d’états primesautiers
    réprimés dans l’œuf
    évanouis engloutis
    en les fonds rocheux ou vaseux
    échoués sur l’onde rétive
    usés oubliés blanchis par les vents
    les houles et les marées

    (Alain Jegou)


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