• Le courrier du dimanche

    De Paname, le 21 juin 2015

    Mon cher Coloc Bingo,

    Solstice parisien
    ciel gris
    vent apatride
    la saleté sur la peau
    en fin de la journée
    la houle humaine
    les regards croisés
    la vie aux yeux de mort
    et puis toujours la fleur
    dans la fêlure
    cherche et trouve la lumière.
    Je retrouve Paris et la violence de ses contrastes, de plus en plus de monde, parfois agressif, la peur latente se sent sur l'épiderme, mais les choses changent ici aussi, de multiples sourires du monde nouveau. Et puis tant de jolis hommes.

    Dans le bus, un chibani discute fort au téléphone, cela commence à râler autour de lui, et puis en un instant la situation se désamorce, collectivement, au moment où il souhaite un bon anniversaire à son interlocuteur tout le bus se met à souhaiter également un joyeux anniversaire dans un grand éclat de rire. Le vieil homme surpris, comprend, rit, raccroche. L'ambiance soudain avait pris une autre dimension.

    Nous fêtons la musique place d'Aligre avec l'Orient et les Bobos. Le serveur change de couvre-chef chaque fois qu'il sort du bar, à la deuxième tournée il avait déjà arboré un casque de flic londonien, une casquette de baseball, un sombrero. Ils sont un peu fous ces Lutéciens.

    Retrouvailles, bavardages, rigolades, tarots, magie de la maison des femmes.

    Filleule-de-l'Amour distribue toujours le Monde, on dirait une fée dans les rues de Paris, Frangine récolte toujours des fraises dans son ordinateur, j'écris un peu, nous interrompons régulièrement nos activités pour une conversation sur les grands sujets existentiels.

    Moi qui ne mets pas la main au potager de la prairie, désolée, j'ai planté des tomates avec Frangine dans son jardin partagé, entre les immeubles comme des sentinelles.

    As-tu vu sur le mur ? Pour chaque cigarette que tu fumes, Dieu t'enlève une heure de vie et la donne à Keith Richard.

    As-tu reçu l'appel de Camel ?

    Frangine et moi marchons dans la ville, joyeuses et débonnaires, qu'en est-il à Gordes ?

    Prends soin de toi et fais-toi la vie douce.
    Love, Peace, and be Wild.

     

    Lady Day

    (city zen)

     

    Aujourd'hui c'est poésie en pièce jointe

    P.J. les murs sont de vent dans la chambre du haut
    on ne se peut sur le seuil
    que nu
    les murs sont de vent
    le plafond d’innocence

    il n’y a pas de meubles dans la chambre du haut
    y accueillir le vent
    entre les mains, patientes
    là, le feu

    il faudra un temps pour l’accorder au vent
    mal entouré, il s’éteindra
    mal entouré, il brûlera

    un temps, une vie

    et une nuit on saura
    le geste qui convient
    tout, autour, s’éteindra
    dans la flamme dressée corps et le murmure du vent

    (Luc-André Rey)


  • Commentaires

    1
    Marc Bonetto
    Mardi 23 Juin 2015 à 17:04

    Superbe ce "Bon anniversaire !" collectif.

     

    Beau séjour dans la ville dont je suis amoureux.

     

    Mes hommages, gente dame.

     

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    2
    Mardi 23 Juin 2015 à 21:09

    Merci, je lui dirai, que vous êtes amoureux d'elle :-)

    3
    Samedi 27 Juin 2015 à 10:40

    très beau texte...Paris et les parisiens pas sympas du tout.J'aime beaucoup ton texte! Le sud est synonyme de chaleur (à part du côté de Marseille et la côte d'azur) et j'adore le passage sur les chibanis et aussi la fameuse place d'aligre...

     

    4
    Samedi 27 Juin 2015 à 15:15

    Merci Saïda, à tout bientôt ;-)

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