• Le courrier du dimanche

    Du Campement, le 281 214

    Ma chère Frangine,

    Le ciel bleu
    le soleil rasant
    les dorures
    et les verdoyants.
    Fin d'année,
    on ramasse les derniers rayons de lumière,
    pour éclairer celle qui arrive.
    Je m'interroge sur les livres, les histoires, la sensation de grandir chaque jour, la légitimité de soi à soi, mes démarches et mon chemin, la décision que j'ai prise de partir d'ici.
    Je sais que tu n'aimes pas, je sais que tu n'aimes pas que ces choses là changent, je sais que tu sais que toutes changent cependant tout le temps.

    Et puis ce n'est pas pour demain, d'ici là tu auras le temps de t'y faire, tout comme moi.
    Le temps détruit tout sur son passage mais pour certaines choses c'est une bénédiction – l'impatience par exemple.
    D'un autre côté c'est toujours la même chanson, ne pas se précipiter mais ne pas traîner non plus – nous sommes des équilibristes.
    J'ai appris que nous avons environ 65 000 pensées par jour, cela semble un peu du gaspillage.
    Dans un documentaire sur l'époque, le changement de notre réalité, l'effondrement du vieux monde, le nouveau à inventer en chacun, un conférencier me fait penser à ce que tu disais à propos de la nécessité de lui créer des lieux à ce monde nouveau, le type conseillait de délimiter un territoire autour de soi et le prendre sous sa responsabilité, le rendre harmonieux.
    Tu as raison, les prises de conscience se multiplient.
    La maison sera pleine dans deux jours, on cire l'étoile, on réchauffe les murs, et hisse le drapeau.
    Une pensée pour Paname dans l'hiver.
    Prends soin de toi et fais-toi la vie douce.
    Love, Peace, and be Wild.

    Lady Day
    (en bilan de compétence)

    En pièce jointe, d'une lecture en cours.

    P.J. De nombreux projets sont tombés à l'eau ces dernières années, l'argent circule mal, tout le secteur est en crise et c'est une chose que Richard peut comprendre, mais ne payons-nous pas aussi, dit-il en nous regardant Anna et moi – je remarque à cet instant qu'il a déjà un peu bu -, votre manque d'imagination, votre refus de vous projeter dans le temps et votre amour immodéré pour les trucs américains ?
    (Philippe Djian)


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