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Au comptoir
(où les tournées se succèdent)- Allo, oui ! Chérie ? Je n'arrive pas à payer ma tournée. Dès que j'y arrive, je rentre. A tout à l'heure !
- Tu devrais avoir un prix pour une excuse pareille !
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Tu vas avoir quatre-vingt deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t'aime plus que jamais. Je porte de nouveau au creux de ma poitrine un vide dévorant que seule comble la chaleur de ton corps contre le mien.
(André Gorz – Lettre à D.)
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Au bar le Social Club
sur les hauteurs de Sète
nous parlons trois amis
des choses communes du cœur
des pertes et des fracas
buvant des whiskys japonais
la demi lune comme rousse
au-dessus de la mer
une mouette dandine sur le muret de la terrasse
des mots et des marins à flotl'amitié les amours et la poésie vivent
tant qu'elles dépassent des frontières
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Pour exister il suffit de se laisser aller à être, mais pour vivre,
il faut être quelqu'un, pour être quelqu'un, il faut avoir un os,
ne pas avoir peur de montrer l'os, et de perdre la viande en passant.(Antonin Artaud)
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La mémoire de la ville
dans la nuit à nos pieds
la mer dans le miroir
les bateaux immobiles
la terrasse d'un café sur le port
les touristes aux peaux rougies
comme dans les films qui se passent ailleurs
les rondes des militaires armés
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Ce samedi 23 juillet à Sète, venez autour d'une rencontre sur les éditions la Boucherie littéraire animée par Michel Baglin, avec Antoine Gallardo, Emanuel Campo, de 11h à 12h, place du Pouffre (Marché au livre)
J'y lirai quelques extraits de mon dernier recueil.
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Mes mots disent que nous sommes semblables.
Ils disent aussi que nous sommes uniques.Jeanne Benameur
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Savent-ils qu'en leurs absences,
leurs femmes de ménage se baignent nues dans leurs piscines ?
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L'esquisse de la lune dans le ciel encore bleu,
la lumière du soir sur les hauteurs des villages -
jusqu'à l'horizon -
les collines, les forêts, les lavandes,
et quelqu'un qui t'attend.Dans le sillon que d'autres larmes ont creusé,
la vie déborde et coule sur tes joues.
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cycle
à l’oreille attentive
de celui qui
de celle
écoutant les bords de soi, les bouts du monde
ses écoulements tangibles
cherche à suivre l’ombre souterraine qui sera source
circulant sous la pierre des nuits durant
jusqu’au jour où
débordera
selon l’écho
la lumière
la rumeur
l’aval
le rivages’y engloutira
Julien Boutreux – Terre à ciel
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Fillette,
Ne te sens obligée de rien,
ne te raconte pas d'histoire,
laisse venir ce qui s'en vient.
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Choses agréables à faire à la campagne
Jouer avec le ciel,
croiser le Père Noël au milieu des nuages.
Assister à un lâcher de chouettes hulottes réparées.
Suivre le vol d'un aigle.
Ne pas écraser un petit lapin de justesse.
S'éclairer de la lune, nommer les étoiles.
Pisser sur la menthe sauvage.
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Parfois l'instant est mystérieux et laisse coite,
comme ce soir, quand le barman me demande très sérieusement :
- C'est votre mari, le roi fainéant ?(Je n'ai jamais eu de mari, c'est le complice avec qui j'assiste au spectacle qui a commandé une bouteille de vin local - la cuvée Roi Fainéant (spectacle généreux, vin correct))
Si la vie était un livre, je ne serais pas restée bête.
- Non, ce n'est pas mon cousin non plus.
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Un quartier de lune au-dessus du village,
sous les guirlandes d'une guinguette,
on danse, on boit, on fête la nuit,
l'été et ses avenants.
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Au comptoir
- Salut !
- Salut le Désir, j'te croyais mort !
- Ben non, tu vois, pas plus que toi !
- Ça fait plaisir !
- On ne peut mieux dire !
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Après avoir passé un moment avec Tom Waits
tu fumes une cigarette
à la fraîche
assise sur les marches de ta caravane
il est presque minuit
en face de toi
un vrai Van Gogh
celui de la nuit et des étoiles
des silhouettes de cyprès
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J'ai sorti les guirlandes
pour une douce soirée
comme si j'étais chez moi.(Il faut soigner la lumière,
c'est notre seule issue.)
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Depuis la fenêtre du salon, alors je peux voir le quai de la gare et donc le couple de jeunes gens qui est à vivre sa vie là-dessus, deux jeunes gens qui s'embrassent avec une fougue et une tension oulàlà – nous sommes en présence de plusieurs litres de salive et d'amour, fou liés entre eux par une espèce de torture indienne, les jeunes gens, c'est entendu, sont tous plus ou moins sado et tout à peu près maso, comme ça, mêmement à vista de nas – deux jeunes gens qui donc s'embrassent avec une fougue et une tension oulàlà et moi alors cette fougue et cette tension oulàlà, ça me rappelle les petites cérémonies cannibales de notre jeunesse. Et moi, alors, c'est idiot, c'est tout bête. Mais voilà. J'ai faim.
(Benoît Jeantet – Et alors tout s'est mis à marcher en crabe)
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